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03.10 | 09:01
C’est un petit carré que semble vouloir habiter depuis une poignée d’année la désolation de l’abandon. Chaque fois que je viens côtoyer le silence, respirer les bruits à peine perceptibles de la vie, dans ce grand délaissement qu’on lui impose, je pose un regard interrogateur : « que veux-tu ? »
J’avais lu qu’il était possible d’inverser le court des choses. Vous gardez des noyaux des fruits que vous mangez, vous les disposez au soleil, nettoyés, et vous attendez la fin de l’hiver. Alors, dans vos pérégrinations, ces quelques fèves en poche, vous abandonnez çà et là dans la campagne l’espoir de la vie, au hasard. Vous les confiez à la nature, elle saura très bien quoi en faire. Une idée simple, un geste pour la nature, pour le sauvage, pour la différence. Une façon de casser le grand ordonnancement choisi par l’homme.
C’est une chose très bête enfin que la vie : si vous savez l’entendre, elle vous souffle son envie. Si vous savez l’écouter, elle vous glissera au fond du cœur un merveilleux secret. C’est comme une envie de renaître. Et elle saura vous enseigner l’espoir, le vôtre en vous instillant le sien.
Dans nos contrées, les hommes abandonnent la terre si elle ne leur donne rien, du moins, si elle ne leur apporte pas le lucre qu’ils leur estiment être dû. Ils la délaissent, la prêtent éventuellement aux autres… mais abandonnent leurs envies. Et ils abandonnent avec sa force à être et à renaître sans cesse, pour peu qu’on la respecte. C’est ce que j’ai constaté depuis de longues années que je côtoie ces lieux, cette campagne que l’esprit agraire délaisse. Est-ce le dépit qui inspire les hommes de la terre ? Est-ce la perte de l’espoir de richesse ? Est-ce le trop dur labeur pour un trop maigre profit ? Je ne sais pas le dire. Et peu m’importe le discours économique que les érudits du monde moderne applique à la raison de l’homme qui fuit alors son lopin. Je ne retiens que le vide qu’il laisse derrière lui. Cette promesse de devenir hirsute, sauvagerie maladroite de la nature aux abois, désolée d’autant d’incompréhension.
Alors, en cette année morose d’isolationnisme, durant cette heure de fausse liberté quotidienne qui nous est chichement laissée, aumône à l’envie de vivre, j’ai laissé vagabonder mon esprit à l’envi, juste sur cette idée que semer reste une liberté, une vraie liberté, et qu’il est tellement beau de ne pas la vouloir domestiquer.
Je viens de me créer un merveilleux rêve. Fasse que les hommes ne me l’ôtent pas ! Si je le réalise, il sera l’œuvre de ma vie.
Le Lundi 26 Août 2019
J’ai glissé mes pas un peu à l’aveugle dans une lande d’herbes folles. Il y poussait de tout, de l’herbe à l’épi velouté aux chardons les plus rudes et acérés. Et parmi cette petite jungle, voguaient quelques odeur envoutantes, sourdant d’on ne sait quelle beauté, d’imprévisibles pousses diablesses.
Un jardin s’est alors ouvert sous mes yeux éblouis. Riche de toute cette incertitude qui m’a accompagné jusque-là, je me suis avancé à gestes prudents, la peau couverte d’un voile pour qu’elle ne soit pas irritée. L’idée de frôler une aventureuse, d’effleurer une urticante, de capter quelques venins imperceptibles animait mes craintes. Or rien de tout cela ne s’est produit.
J’ai découvert une sorte de salon, planes de rotins où s’alanguir, si le vent vous y porte. Des senteurs s’évaporaient jusqu’à me séduire. J’ai posé mes mots, j’ai assagi mes pas. J’ai mû mes mains sous ma quiétude. J’ai bien senti par moment cette enivrante fraîcheur qui n’avait de cesse de me séduire. Les heures avaient été chaudes en les contrées sauvages, j’avais besoin de cette frêle douceur à la venue du crépuscule.
Mais où se cachent les gnomes ? Que font les elfes ? Quels sont ces lutins qui fanfaronnent ? A quel être de sagesse se vouer quand on aspire au repos, à la tranquillité, et que, au même moment on se prend à rêver de contrées bien douces que celle-là vous laisse augurer ? Il n’est rien de pire que la tentation quand on a soif, les crampes d’estomac quand on a faim.
La ruine terrasse souvent celui qui, sans se voir riche, veut apaiser les malheurs des autres. Les tentations, du bien même, ont si souvent raison des plus précautionneux. Le vil habite très fréquemment l’être qui tend la main. Et alors : sera-ce moi ? Sera-ce l’autre ? il est ardu de le savoir, et si périlleux de ne le découvrir.
Mais quoi ? j’ai droit il me semble à quelques plénitudes. Et les envies de glisser du bien-être en la vie d’autrui n’est pas chez moi une machination. Cela je le sais m’offre aux entreprises les plus gourmandes…
Allez ! L’homme—et surtout pas moi—ne se refait pas. Il aime le mystère et goûte si savoureusement la joie. Même la plus traitre. J’en suis là !
Dimanche 18 Août 2019
La nuit a déjà posé ses jalons sur l’histoire d’aujourd’hui, elle a presque effacé celle d’hier et des jours avant. Sauf les mots écrits, ceux d’hier, ceux d’aujourd’hui et tous ceux restés en suspens.
Je n’ai pas l’envergure, les moyens de porter mes mots jusqu’au plaisir l’aventure. J’aimerais pourtant les élever à leur destinée. Être lu ? Qu’ils soient aimés ? Je ne sais pas, mais qu’ils soient au moins un peu connus, que le vent d’une hasardeuse destinée les porte à leur but.
La nuit, sans doute, m’espère un courage que je n’ai peut-être pas. J’attends de sa présence qu’elle nourrisse mon rêve, que je ne m’alanguisse pas, point trop en ces profondeurs infernales d’une inconscience sans fin… jusqu’à l’inexistence. Un diable m’a dit de craindre l’envie. Un sage m’a dit d’attendre les lueurs. Je n’ai pas tout compris.
Trois jours ont passé. L’adage que je ne crois pas dit que c’est le temps, au moins, pour relancer sa quête. Qu’importe. Je garde mon peu de fortune sur l’espérance des mots, ceux que je susurre, ceux que j’espère. Et ce sourire brillant qui éclairerait la vie. Ce n’est pas l’attente qui chagrine. Dans l’attente on met l’espoir. C’est l’esprit démon qui immisce le doute. On ne dit pas à l’enfant que les anges n’existent pas. On leur suggère qu’ils volent d’ailleurs, qu’il arrive qu’ils nous oublient.
C’est vrai, il m’est arrivé de croire aux fantômes. C’était un autre temps. Je n’attends aujourd’hui pas de certitude. L’horizon, là où s’effondrent tant de jours me laisse pantois.
Mardi 13 Août 2019
Je marche sur ses voies depuis si longtemps, je ne sais pas ce qui me départirait d’elle. Elle connaît chacun des replis de mon âme, chaque retenue que j’ai combattue, chaque doute qui a pu s’immiscer en moi. Nous ne nous sommes jamais départis l’un de l’autre plus que quelques instants.
Nombreux sont ceux et celles qui sont venus nous mettre à l’épreuve. Ils, elles ont pu grapiller parfois des miettes de notre bonne volonté et se sont autorisé des abus qui nous ont parfois fait souffrir. Terriblement, je dois bien l’admettre. Mais la confiance et moi avons toujours été d’accord. A moins d’être certains du pire, il ne faut jamais rien lâcher. Nous gagnerons parce que nous avons vocation à avantager les autres, parce que nous avons la force de rester droit, Totems sur la ligne d’horizon de ceux qui doutent.
Les poussoirs de ceux qui ont en vain tenté de nous faire ployer sont multiples et couvrent à peu près toutes les gammes de sentiments pour peu qu’ils attirent satisfaction. Des plus vils aux plus maladroits, des plus résolus à ceux les plus fortement induits. Je n’ai jamais vraiment compris ce qui pousse un être à s’accaparer ainsi la bonne volonté, la gentillesse, l’altruisme d’un autre. Je me suis contenté en retour de tout faire pour tenir droit, fort de ma bonne conscience et riche du bien, du bon, du juste que j’essaie de tendre aux autres.
La confiance, quand on l’a chevillée au corps comme je peux la ressentir, c’est je pense le meilleur des sésames. Jamais on ne peut dénigrer sans honte à venir sur soi la confiance qui habite l’être probe.
Les pertes que l’on peut subir, adversités, pénuries, chagrins, blessures d’amour propre, ne sont rien face à la force qui nous relève sans cesse, la confiance qui nous érige au-dessus de tout. Ce n’est pas une valeur, je ne crois pas aux valeurs. C’est un bâton d’airain inaltérable. Mieux que toutes les reconnaissances, les inventions qui veulent faire croire à l’autre qu’il a pu être valeureux.
Mais quand s’en va la confiance, s’effrite irrémédiablement le lien qui unit les êtres, les choses. Ne reste quelques temps qu’un peu d’amertume qui se dissipe comme les miasmes d’un tas d’immondices. La putrescence est alors, ensuite, source de plus forte vie.
La confiance vit du terreau de la relation des êtres.
Lundi 12 Août 2019
22 h 25
Le matin nous éveille et ne sait pas même nous dire s’il fera beau jusqu’au soir ou si les grandes nuées de la vie viendront nous abreuver. Le soir se penche sur mon horizon : je ne compte plus les éclaircies, les arcs en ciel…
Je suis un amoureux des lumières et des couleurs du jour. Or, aujourd’hui, j’ai droit à un festin. Le ciel me régale, m’enivre depuis tantôt à chaque rai d’azur qu’il m’apporte. Et je suis par moment comme un enfant qui découvre un nouveau petit animal. Me vient l’envie de donner un nom à cette lueur d’espoir, d’ourdir des couches de mots, des literies de farandoles chantées, des mélodies pour honorer et imaginer des nouvelles odeurs.
Après, s’approche la nuit. Qu’a-t-elle à me susurrer ? quel vent va-t-il siffloter à mes oreilles. Vais-je languir sous la berceuse de bien douces mélopées. Bien fol qui pourrait le dire, s’aventurer à l’affirmer. Et plutôt que m’y confondre, je vais, le silence venu, aller m’allonger au pays de mes rêves. Mais pour ne pas manquer un mot de ce que la nuit peut avoir à me dire, je n’omettrai pas d’emporter les antennes du possible.
Après ? Demain est autre jour. Et ça tombe bien : je n’ai rien à en faire, rien qu’attendre et lire ou écouter les voix de la douce fortune, m’alanguir sous les murmures venus de je ne sais où.
Le 9 Décembre 2020
Le sourire de l’espoir vient de se lever sur la petite plaine. Là, juste derrière le bourg, non, devant, du côté où le soleil se lève, là où quotidiennement il passe au-dessus de quelque frondaison le long de la rivière, où il pose ses premiers rayons, mon regard s’est posé, aussi, régulièrement.
Je les ai toutes soigneusement évitées. Mon âge me porte à savoir qu’il pousse de tout dans les terres de fortune. Et ne sont pas les plus méchantes celles qui paraissent si revêches quand vous empoisonnent les plus douces, les plus enjolantes. Le diable lui-même ne saurait pas s’y retrouver, qu’il a pourtant disséminé ici, là, pour nous confondre. C’est souvent sans, presque, les regarder que je me suis aventuré plus loin.
31.01 | 16:28
j'aime vos aquarelles ou l'on peut frôler la sensibilité dans la touche fondue ou émane le mystère
31.01 | 16:07
quel plaisir ce voyage a travers vos mots qui nous laisse un gout miel et d'encore
10.12 | 12:34
Merci beaucoup Anne
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Bonjour Etienne j'aimerai avoir de tes nouvelles,je peins toujours
Amitiés Suzanne