Bienvenue dans mon univers
CHRONIQUES
Dans cette page, vous trouverez mes impressions, mes coups de cœur, ou de gueule, sur une parution, qu'elle soit littéraire, cinématographique, artistique en tout genre, récente ou ancienne.
Je ne m'interdis pas de parler également d'évènements qui me paraissent remarquables.
Plus qu'ailleurs, je vais essayer d'être concis. l'idée, c'est le coup de flash, bref, frustrant... pour donner envie d'en savoir plus.
Dimanche 21 janvier 2024
Vous aimez paraît-il. Je veux bien vous croire. Pourtant : vous aimez qui ? Vous aimez quoi ?
Cette allégation ramène chaque fois à mon esprit la chanson de Georges Brassens, « la balade des gens qui sont nés quelque part » !
Et c’est vrai qu’ils sont plaisants tous ces petits villages… Qui n’ont qu’un seul défaut : c’est d’être habité par des gens qui se montent le cou jusqu’à penser que le crottin de leurs chevaux, même en bois, rend jaloux tout le monde…
Bien évidemment, il nargue, il abuse et se joue de la passion immodérée des autochtones pour leur lieu d’origine. C’est un trait d’esprit. Et ce modeste ne vous laissera pas voir la larme qui lui perle à l’œil quand son regard, son esprit, croise l’idée, même d’un endroit, d’une personne se remémore inopinément à lui alors qu’il les aime. Bien évidemment qu’il aime et qu’il charrie tout autant ceux qui sont l’objet de son ressentiment.
Je n’ai rien de différent de lui. Car ce qu’il faut bien lire dans son propos, ce n’est pas d’appartenir—il n’appartient à personne et moi pas davantage—ou que quiconque ou quoi que ce soit lui appartienne. Nous sommes de ceux qui aimons et encensons ce qui existe de beau, de noble, d’utilement pensé qui vient à être mis à notre disposition.
Cette larme est un merci pudique, une louange à l’existence des choses.
Et rien n’est plus pur que de laisser parle son cœur.
le samedi 1° Avril 2023
Non, ce n’est pas un « mélo » quand bien même un grand nombre l’y verra .
Je suis d’accord : il a tout pour émouvoir avec sa bonne dose d’intrigue tristounette, son « tire-larme » plutôt classique, l’évènement dramatique qui plante le décor.
Oui, mais voilà ! tout cela n’est que l’ossature qui soutient ce qui me semble le sujet de l’auteur. Car il n’est pas aisé de montrer, souligner, mettre en exergue que n’importe quel groupe d’êtres vivants n’aura au bout de l’histoire, si insensiblement, jamais autant la force de la convergence des actions. Mieux : des intentions.
L’enfant est celui de tout le monde : il est aimé des siens, son clan, sa famille, ceux qu’il vénère ; et il est aussi refoulé, détesté peut-être par ceux qu’il dérange, le jalousent, et ceux qui n’ont pas le truc pour le comprendre. Et tout ce monde disparate réagit autour de lui de concert, comme le feraient les instruments d’un orchestre autour d’une partition : avec son propre timbre, sa tonalité, sa puissance ou son souffle fluet, son incompréhensible différence qui s’accorde à l’ensemble pourtant.
Et l’insoupçonnable enchaînement des circonstances qui font l’histoire. Or, le chef d’orchestre, le compositeur inspiré aussi, c’est lui : ce gamin qui refuse les ordres, les normes, ce qui vous classe à jamais dans la case où vous n’avez rien à faire.
Elle, la mère ? Disons qu’elle est « l’arrangeuse » de cette composition, la monteuse de l’œuvre. Elle ne comprend pas le propos au départ mais elle ressent le sens, l’harmonie qui lie les éléments que tout semble éloigner, les causes des rebuffades, les incompréhensions hargneuses ou indulgentes.
Oui, le tempo de l’œuvre c’est l’émotion ! Mais articulée avec maestria. Rien ne devait à l’origine faire que tout cela tienne debout.
Mais à l’arrivée, au bout du bout, c’est une incomparable symphonie, encorbellée par le chœur des protagonistes.
film « La chambre des merveilles » de Lisa Azuelos
D’après le roman de Julien Sandrel
Le 25 mars 2023
Quel meilleur début pour ces billets « chroniques » que de parler de ce film où se mêlent avec tant d’humanité la douleur, la honte, la volonté, la résilience mais aussi l’amitié autant que l’incompréhension, la hauteur autant que la bassesse… Et, merveille, il nous est enveloppé dans un ensemble de décors saisis avec délicatesse.
Je n’avais pas lu le livre de Sylvain Tesson. Les extraits qui nous sont tendus comme d’autres décors ont la même poésie que les paysages. L’origine de l’histoire est l’issue d’un acte insensé, une esbroufe, une énorme bêtise. Mais il fallait cela, faut-il croire, pour donner à cet homme épris d’extravagances enfin l’âme de raison.
Le film nous le montre sur les chemins et dans celui de sa reconstruction. Jean Dujardin incarne magnifiquement toute l’humilité qui lui a été nécessaire pour reprendre possession de lui-même. Denis Imbert a su nous le présenter avec une belle sensibilité masculine en sachant éviter le « pathos » que sûrement certains de ces confrères n’auraient manqué de nous infliger.
On peut s’étonner du choix des extraits—rendre l’intégralité de l’œuvre écrite aurait été éreintant et soporifique pour le spectateur—et d’autres auraient eu la préférence de certains d’entre nous. Je les ai trouvés justes, symboliquement à la fois simples et profonds. Surtout, ils m’ont donné l’envie de découvrir le texte dans son intégralité.
En toute fin, la raison échappe au scénariste, au metteur en scène, au réalisateur. C’est que l’instant est indescriptible et ne peut que se ressentir.
Moi je vous abandonne avec le souhait de vous inciter à tenter de découvrir notre beau pays par « ses chemins noirs » … ou de la façon qui vous sied le mieux
Film « sur les chemins noirs » de Denis Imbert
D’après un récit de Sylvain Tesson